Christian Zytynski, Président de la FNAAFP/CSF, vient d’être interviewé dans le magazine ASH concernant le plaidoyer sur le vieillissement.

@Actualités sociales hebdomadaires n°3055 6 avril 2018 . Jonathan Blondelet

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«Un financement au poste»

La Fédération nationale des associations de l’aide familiale populaire (FNAAFP) demande, dans le «Plaidoyer pour une réponse adaptée aux besoins des personnes vieillissantes au domicile» (1) qu’elle vient de publier, une prise en charge globale de la personne âgée, et plus seulement en fonction de sa perte d’autonomie.

Le président de la fédération explique les motivations et les effets attendus d’un projet novateur.

Que proposez-vous pour répondre aux attentes des personnes âgées là où la loi «Adaptation de la société au vieillissement» (ASV) a échoué ?

Nous voulons mettre en place ce qui a été fait avec la prestation de compensation du handicap (PCH), et partir du besoin de la personne âgée plutôt que de son degré de dépendance. La PCH prend la personne dans sa globalité, en tenant compte de ses ressources et de ses envies. Ce n’est pas parce qu’on est vieux que la vie est terminée. Il faut mettre en place une évaluation multidimensionnelle prenant en compte ces éléments, dont découleraient l’accompagnement financier, les services à la personne, l’organisation du quotidien… C’est un gros travail sur l’évaluation des besoins, en se détachant des grilles qui existent aujourd’hui. L’allocation personnalisée d’autonomie (APA) fait partie de ces éléments mais n’est pas une fin en soi : c’est une indemnisation essentiellement sur les actes de la vie quotidienne, qui n’aborde pas l’environnement, le logement ou les activités.

Certaines de ces aides, comme l’aide personnalisée au logement (APL), existent pourtant déjà.

Tout le monde ne peut pas prétendre aux APL, et une prise en charge globale permettrait aux personnes d’éviter le morcèlement des aides en évitant de s’adresser à 50 organismes différents. L’APA est plafonnée à 900 euros, alors que la PCH ne détermine pas une somme par rapport à un degré de dépendance; on effectue une sommation des besoins qui existent : les plans de compensation peuvent parfois être importants, en fonction des difficultés rencontrées.

A cet égard, vous présentez l’Europe du Nord comme un modèle à suivre.

Les pays du Nord ont une prise en charge étatique complète de la personne âgée, avec une coordination des services, par rapport aux pays du Sud, qui font plus appel à la solidarité familiale. En France, les familles sont souvent morcelées pour des raisons économiques et les enfants n’ont pas toujours la possibilité de pouvoir accompagner leurs proches. L’Etat n’arrive pourtant pas à imposer un modèle. Nous militons donc pour la création du cinquième risque afin de prendre la dépendance dans sa globalité et pour que la sécurité sociale joue pleinement son rôle dans l’accompagnement des personnes fragiles. Il faut aussi garantir une équité territoriale. Aujourd’hui, l’APA varie entre 15 et 28 euros selon les départements, ce qui nous empêche d’intervenir sur des situations qui méritent des accompagnements renforcés.
Il faudrait un tarif socle financé par l’Etat, avec un complément départemental.

Ce changement du mode de financement des aides implique-t-il un changement du système de tarification dans les services d’aide et d’accompagnement à domicile ?

Il faut sortir du système de tarification horaire qui cloisonne l’intervention. Si on intervient sur l’accompagnement autour du quotidien, on ne fait rien sur le lien social, l’accompagnement à l’extérieur…
Avec un financement au poste, on prend l’action du professionnel dans sa globalité. Et avec une évaluation multidimensionnelle des besoins faite par la structure d’aide à domicile, on détermine précisément les modalités de son intervention dans le cadre d’un dialogue avec la personne et sa famille. Ainsi, la structure pourrait également mettre en place les coordinations pertinentes, avec le médecin traitant, l’office HLM… Le travailleur social du département qui fait l’évaluation en vue d’accorder l’APA n’a pas le temps de s’attarder dans un domicile. Il ne voit par exemple pas les pièces «interdites» à la visite car la personne ne veut pas dévoiler son intimité, ce dont nous nous rendons compte au fil des interventions, ainsi que d’autres choses qui vont nécessiter des ajustements dans l’aide apportée. !!!

Propos recueillis par Jonathan Blondelet
(1) www.fnaafp.org.

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